Pouvoir aux femmes 

Alors que la parité hommes-femmes dans les institutions a fait récemment débat en France, rien de tel en Islande. Au pays des geysers, plusieurs femmes occupent déjà des postes clefs et c’est une mère de famille qui pourrait bien remporter la majorité des suffrages à l’élection présidentielle de ce samedi. Trente-deux ans après Vigdis Finnbogadottir, première femme au monde à avoir été élue chef d’un Etat au suffrage universel – elle a occupé le poste durant seize ans de 1980 à 1996 – Thora Arnorsdottir, une journaliste et animatrice de jeux télévisés âgée de 37 ans qui n’est affiliée à aucun parti, brigue la présidence à Reykjavik. Même si les derniers sondages plaçaient encore en tête le président sortant, le conservateur Olafur Ragnar Grimsson qui convoite un cinquième mandat de quatre ans, Thora Arnorsdottir pense pouvoir le coiffer sur le fil après avoir dû interrompre sa campagne courant mai pour donner naissance à son troisième enfant, une petite fille. Ainsi vit l’Islande où l’on trouve tout à fait normal qu’une femme enceinte puisse mener campagne, accoucher, puis reprendre quelques jours plus tard le combat politique sans que personne ne s’en émeuve. Détail pittoresque vu de France, c’est son compagnon, Svavar Halldorsson, qui s’occupe des couches et des courses puisqu’il a du temps libre. Journaliste politique, il a mis sa carrière entre parenthèses début avril lorsque Thora a posé sa candidature à la présidentielle. Et comme le toit familial abrite au total six enfants, cela ne laisse guère le temps à Svavar de commenter la vie politique islandaise sur le réseau Twitter… Quelle que soit l’issue du scrutin de dimanche, il ne bouleversera pas fondamentalement la vie du pays car l’essentiel du pouvoir politique est en réalité détenu par le Premier ministre et son gouvernement, en l’occurrence par la sociale-démocrate Johanna Sigurdardottir qui est en poste depuis les législatives d’avril 2009. Mariée légalement à une autre femme, elle dirige un gouvernement très resserré de seulement huit ministères où la moitié des postes sont tenus par des femmes (Finances, Education, Industrie et Environnement).