Un quidam dans un avion de chasse

Lorsque j’étais gosse, il y en a qui voulaient devenir chanteurs. Moi, je rêvais d’être pilote de chasse. Je collectionnais les maquettes d’avion, et on en trouvait sur toutes les étagères de ma chambre. Et puis, le couperet est tombé : j’étais myope. Je n’aurais de toute façon peut-être pas pu le faire avec une bonne vue (c’est un poste où les places sont chères et où il y a peu d’élus), mais tout de même : j’ai toujours eu un pincement de regret à l’idée d’être passé à côté de cette vie-là. Mais la vie offre heureusement des compensations. Et à défaut de devenir pilote, je me suis tout de même offert un vol en avion de chasse, côté passager mais avec voltige aérienne à la clef ! Parce que je ne suis peut-être pas devenu pilote, mais j’exerce un métier qui me permet tout de même de dépenser sans compter. 🙂 L’expérience s’est déroulée la semaine dernière, à l’aérodrome de Clergy-Pontoise. L’expérience est assez difficile à dépeindre, car voler à bord d’un avion de chasse ne ressemble pas à un vol à bord d’un autre appareil. Tout y est plus fou, plus intense. C’était exactement comme j’avais pu le rêver étant enfant. Le hurlement des réacteurs, assourdissant, dans le cockpit ; l’odeur du kérosène qui chatouilles les narines ; le harnais qui maintient fermement le corps contre le siège ; jusqu’à l’uniforme de vol qui vous fait vous sentir comme Maverick. Mais le plus important, en définitive, ce sont tout de même les sensations de vol. Si le vol a démarré par une phase de découverte plutôt sympathique, le pilote a rapidement embrayé avec une séance de voltige particulièrement endiablée, où j’ai eu droit, pêle-mêle, à des tonneaux, des renversements multiples, un looping, et même un vol sur le dos qui m’a permis de découvrir la Terre à l’envers. Mais tout cela ne décrit pas les sensations qu’on éprouve lors de ces acrobaties. Car c’est assez dur à vivre, physiquement. Quand votre corps passe de +5G à -1G en quelques secondes, vous avez un peu l’impression de vous disloquer. A chaque figure, je devais contracter mes abdos à m’en faire mal pour rester lucide ! Car dès que je relâchais mes muscles, mon champ de vision se rétrécissait et le voile noir me guettait (l’évanouissement dû à un afflux de sang insuffisant dans le cerveau). L’expérience était si violente que lorsqu’on regagné la terre ferme, et avant même d’atterrir, j’ai dû utiliser le sac à vomi qui était dans mon harnais. Et néanmoins, dès que j’en aurai l’occasion, je recommencerai sans hésiter ! Parce qu’au-delà de ces inconvénients, l’expérience est vraiment unique à vivre et vraiment inoubliable. Je vous laisse le lien vers le site spécialiste de ce de baptême de l’air en L-39.